samedi 26 janvier 2013

La ville

     Drôle de ville qui bien qu'immense, ne donne à voir que ce coin de rue et ce panneau de circulation, à cet endroit où aucune voiture ne passe. Le pas qui bat le pavé, dans cette tension du cœur qui bat très fort, et comme avec réticence, a l'air de pousser le clocher à faire éclater sa cloche ; l'odeur des fleurs blanches envahit le passant pressé, le passant perdu qui sans le vouloir cueille un parfum et tourne à la prochaine rue. Il prend la rue à droite, la plus grande, la plus lumineuse, mais c'est le même lieu que celui d'où il vient. Voici le clocher qui laisse voir un lambeau de ciel jaune, qui résonne sans discontinuer avec la régularité d'un métronome. Les pavés s'élèvent tant qu'un passant pressé manque de trébucher à chaque pas. Peut-être il valait mieux prendre la rue à gauche alors le passant pressé fait demi-tour manquant de trébucher à chaque pas. Il prend la rue à gauche et la rue à gauche s'enfonce au creux de la ville qui brusquement s'allonge et s'amincit comme reflétée dans un miroir déformant ; et les ruelles se resserrent, se resserrent encore jusqu'à menacer d'écraser le passant pressé, le passant perdu, elles s'enfoncent sous les feuilles des arbres qui eux aussi, élevés bien droit avec un air supérieur, surplombent la ruelle et la cachent en tendant leurs branches épaisses, écartent les longs doigts de leurs mains larges et multiples.
     Font de cette ville un envers du feuillage.
     Chaque nom de chaque boutique obscure est à demi effacé, à mesure que l'on va plus avant dans la ruelle. Les pierres même disparaissent sous le lierre, une à une englouties, à mesure que l'on va plus avant dans la ruelle. Alors on se dit, on est sorti de la ville, très certainement, ceci n'est plus une ville. Alors on tourne à droite en se pressant de peur d'être avalé, prenant la rue de droite on débouche sur l'avenue de l'Espérance, grise ou blanche dans la nuit avec ses hautes tiges phosphorescentes faisant honneur à l'asphalte.
     Ville d'étoiles aspirées ramenées contre terre.
     Même le bus brille de l'intérieur ; il file si vite que les lumières sont tirées en arrière à la manière d'un train à grande vitesse et qui s'éloigne, qui s'éloigne, cependant qu'il y a toujours des lumières pour s'éloigner, s'étirer encore à n'en plus finir, jusqu'à l'arrêt au fleuve, car le bus ne va pas plus loin. L'arrêt au fleuve c'est celui qui faute de n'avoir trouvé dans la vraie ville où tu habitais, t'en présente une autre toute pareille qui seulement a basculé dans l'eau.

Incertitude

Bonjour ! Qui êtes-vous ?