mardi 11 juin 2013

Site auriculaire


Alors je me concentre. J’entre dans une cavité de mon oreille que j’ignorais. Elle est immense et agitée comme une cathédrale portée par un navire. Elle dissimule dans des recoins, des angles, des creux, d’autres espaces tout aussi vastes qu’il faut encore explorer. C’est par cette cavité-là que tout passe. Le vent vibre et referme l’espace sur lui-même, les arbres dansent et se balancent, ils se multiplient quand le vent se mêle à leurs feuilles, les branches se dénouent, de longs doigts, avec une lenteur méthodique, s’écartent et se referment sur l’invisible. La terre tremble et se fissure, la citadelle, dans cet intérieur clos et flottant, en un instant refait surface avec un bruit vague et multiple. Elle disparaît bien sûr, dès que par inadvertance j’en détourne les yeux.