jeudi 23 août 2012

La nuit, sans les heures


     C'est qu'enfin tout est calme, je veux dire, les gens dorment. Immobile sur sa branche, l'oiseau-planète enfonce son bec dans le duvet et lentement sombre dans la douceur molle de ses plumes.
     Il a fait chaud aujourd'hui, le ciel a été sage, il n'a pas bougé, n'osait pas même respirer, aimant jouer son rôle de ciel d'été, il a écarté les nuages d'un geste bleu, s'est penché lumineux sur les baigneurs qui crient, a joué avec l'homme au tuyau d'arrosage et la fillette en maillot crie l'arc en ciel, il a brûlé la pelouse a fouillé les coins d'ombre illuminé les réverbères à quinze heures. A quinze heures la ville scintillait.
     Et maintenant il se dit, plus personne n'est là, plus personne ne me voit je peux, sans souci, prendre les choses en photo. Il a rappelé les nuages les a pressés comme des oranges pour que ça pique, pour que ça luise. Puis mitraille comme il veut. Il fait des photos avec flash et clic à retardement. Il devient même parfois un de ces grands arbres dont les branches séparent l'espace. L'oiseau-comète d'un éclair le coupe en deux, l'arbre disparaît, gronde et gronde encore le ciel contre l'oiseau qui a gâché la photo.

2 commentaires: