Dans
mon atelier, je fabrique des automates. D’abord petits comme des insectes, ces
fantaisies que j’inventais avaient dû se glisser sous un tapis ou dans un trou
du mur des esquisses du château en Espagne. Certaines, cependant, je les
gardais bien serrées dans mes mains de sorte que je puisse les montrer aux autres,
fier de mon invention. Ils amusaient tout le monde, ces petits jouets à
ressort, dont le mécanisme assez simple m’occupait un instant.
Or par négligence, sans doute, je les oubliais dans un coin de l’atelier. Leur disparition, ne m’alarmait pas outre mesure. Je les construisais, un peu plus tard, sans les compter, sans même y prendre garde, des animaux mécaniques, des automates à musique, puis je prenais le pli, ambitieusement je réalisai les prototypes plus compliqués, des dessinateurs, des joueurs d’échecs, des oiseaux chanteurs, et même des poètes. Parfois pour m’assurer d’un réglage à faire, je devais me faire tout petit, j’entrais dans le cœur du problème. De l’intérieur, je déplaçai le rouage qui brouillait le système.
Or par négligence, sans doute, je les oubliais dans un coin de l’atelier. Leur disparition, ne m’alarmait pas outre mesure. Je les construisais, un peu plus tard, sans les compter, sans même y prendre garde, des animaux mécaniques, des automates à musique, puis je prenais le pli, ambitieusement je réalisai les prototypes plus compliqués, des dessinateurs, des joueurs d’échecs, des oiseaux chanteurs, et même des poètes. Parfois pour m’assurer d’un réglage à faire, je devais me faire tout petit, j’entrais dans le cœur du problème. De l’intérieur, je déplaçai le rouage qui brouillait le système.
Et
je construisis d’autres machines, des mécaniques de plus en plus sophistiquées,
et voilà que sous mes yeux elles se mettaient en mouvement, pire encore, elles
s’agrandissaient, d’une minute à l’autre elles passaient de vingt centimètres à
six mètres de hauteur. Elles en vinrent à crever la toiture vitrée de mon
laboratoire. Tout à coup elles rapetissaient, et devenaient aussi
insignifiantes que ces souris à ressort que je créais au tout début de mon
entreprise. S’en allèrent disparaître sous un meuble en sifflant. D’autres fois
encore elles changeaient de visage, comme s’il leur venait le caprice de faire
des mines : renfrognées, dubitatives, ivres, réjouies, réfléchies,
colères, niaises ou boudeuses, selon la couleur du ciel et l’heure du
jour. Certaines machines sont timides. Il leur arrive d’avoir des secrets, et
de se cacher dans un coin pour ne pas que soit surprise l’expression qui
trahira leurs désirs, il leur arrive de bougonner dans un coin ou de ronfler.
Mais par-dessus tout, ce qu’il arrive, c’est qu’elles se démultiplient à
l’infini – le pire étant quand, décontenancé par ces changements d’humeur,
j’avais demandé à des étrangers de venir à l’atelier témoigner de
l’extraordinaire liberté que prenaient mes automates. Au premier regard les
machines se démultiplièrent, au point que l’atelier forcé de s'adapter,
s’élargit du mieux qu’il le pouvait pour laisser place à cette population
inattendue qui pullulait à vue d’œil. Au final les machines s’étaient tant
reproduites que même l’atelier, bien qu'élastique, se révélât trop étroit pour
les héberger toutes. Elles brisèrent les parois de verre et s’en allèrent
tranquillement vers de plus vastes espaces, avec un bruit de rouages, me
laissant bras ballants et bouche bée, moi qui pensais encore réviser le
mécanisme d’un joueur d’échec qui ne me paraissait pas au point.
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