samedi 28 janvier 2012

Coquelicots

Cela lui apparaissait parfois comme dans un rêve. Ce n’était rien d’autre que des bribes, des souvenirs épars qui venaient la visiter la nuit, le jour, dans ses poèmes, dans les miroirs, dans les fleurs de mirabelles, dans le vent joueur venu décoiffer les coquelicots, dans ses peintures blanches et pastel où elle n’oubliait jamais de déposer d’un coup de pinceau sûr, des coquelicots très rouges, et l’œil du visiteur occasionnel, dans son monde miniature, ne voyait que le rouge.
Elle aimait ouvrir les boutons des coquelicots en bas de l’école, elle décollait délicatement les deux lèvres que renfermaient la fleur, puis, sans les déchirer, en déployait les pétales tendres et fripés, l'ouvrait jusqu’à en voir le cœur tendre et humide, recroquevillé sur lui-même comme un dormeur qu’on surprend au milieu d’un rêve.

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