samedi 21 juillet 2012

des visages

Je sais. Oui, maintenant je sais à peu près quelle forme ont tes yeux. Tu sais comme c'était difficile. Dans la rue, j'ai cru les voir partout, ils étaient flous ils avaient sans doute perdu leurs contours comme une mer gonfle, brise tranquillement ses digues et part à l'aventure. Alors ils sont là, vagabonds, hésitant au coin des rues, hésitant entre un visage un autre, cherchant un visage qui ressemble au tien. Mais tes yeux, le sais-tu, n'ont jamais connu ton visage. Un a un ils essayent les visages, des figures comme on enfile au hasard un vêtement prêté, ils se serrent pour ne pas déborder. Ils peuvent longtemps hésiter, longtemps croire être arrivés ; jusqu'à ce que la personne dont  ils habitent le visage rentre chez elle. Ayant fermé sa porte elle retire le visage et de nouveau délogés, vagabonds, tes yeux s'en vont occuper d'autres visages vides, visages ouverts à tous vents. Je n'avais pas compris la forme de tes yeux, c'était moi qui les rendait vagabonds les faisait errer de visage en visage, entrer dans des salles trop étroites trop étroites pour eux.

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