mardi 16 juillet 2013

Parole du haut d'un bunker

     Qu'attendre de la mer, un soir d'été ? Sur la plage il y a tant de monde. Tant de monde sur le chemin qui longe la mer. Du monde encore dans les poches littorales, ces plages non surveillées, coincées entre les rochers. Des gens qui se promènent, draps de bain et crèmes solaires, des gens étendus qui brûlent depuis midi qu'ils sont ici, du beach-volley, des raquettes en plastique et balles en mousse, châteaux de sable et méduses échouées sur le sable humide en attendant marée haute. 
     Je n'ai pas eu envie d'attendre sur le sable. Je n'ai pas eu envie de m'asseoir sur un banc. J'aurais pu t'emmener escalader les rochers, mais ça, tu l'as déjà fait mille fois. 
     Cet espace de silence, c'est certain, tu ne le connaissais pas. Je te fais grimper sur le mur, c'est facile. Une grande marche à monter, tu as de longues jambes. Sans rien regarder nous marchons précautionneusement sur la grande pierre dessinée. Dessinée, coloriée, visitée tous les ans, au passage du promeneur elle se fend d'un sourire avisé, invite le voyageur à prendre du repos, offre un espace de jeu à quelques grands enfants moqueurs, qui l'occupent comme à la guerre, avec des bières, des cigarettes et trois accords de guitare. 
     Mais ce soir, c'est à nous d'être ici, à nous le silence et le temps qui s'étire, à nous le ciel tout plein d'un soleil rouge qui se plante sans broncher sur les toits des immeubles de la ville en face, à nous le plaisir de compter les bateaux, de compter ceux qui, tout occupés d'eux-mêmes, ne voient que leurs chapeaux qui s'envolent. A nous le dialogue avec l'Atlantique, à nous de pouvoir suivre vol de la mouette et les petites personnes debout sur les rochers. A nous le vent, le sifflement du vent à nos oreilles. C'est là que je t'apprendrai à vivre des choses plus belles. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire