mercredi 26 juillet 2017

La fille aux yeux de poupée


     Voilà quelque chose qu'elle sait faire être belle et s'enfermer dans son visage lisse et blanc savamment décoré avec une peinture qui ne craint pas l'eau, voilà quelque chose qu'elle sait faire au moins conserver cette beauté rigide quand elle se recroqueville et garder voix posée travaillée et dos droit tendu quand une partie d'elle s'échappe cela passe inaperçu car son visage grandit elle est là visage et corps s'étirant faisant barrage dos très droit et visage fermé qui laissent fuir la perdue l'absente la démontée celle que les reproches abîment qui la plongent tout au fond d'elle-même là où ont coulé d'anciens châteaux ayant navigué sur ses eaux et elle s'étonne d'être là toute droite quand une partie d'elle s'échappe se creuse et se cabre mur lacrymal qui voudrait d'un coup tout effacer qu'un moindre mouvement soulève et renverse brusque, violent, et elle se permet de cracher sur ceux qui lui font mal, mais en dedans, seulement, ne sachant que faire d'autre, inutile, remuant sa colère derrière les murs qu'elle a dressés et solides, eux, elle hurle en dedans, seulement en dedans, mauvaise fille et hypocrite avec ça. Ces pensées orageuses, elle ira jusqu'à chercher des mots pour les dire, elle attendra la solitude et fera jaillir tout bouillants ses mots, ses menaces et ses cris jaillissants bien rangés en phrases correctes, sujet, verbe, complément, silence.
     Elle ira jusqu'à les écrire en appuyant bien le crayon sur la feuille, et voulant presque que les mots la traversent et qu'ils se gravent sur la table et alors elle s'en mordrait les doigts, mais pas trop, parce qu'enfin quelqu'un pourrait la lire.
     Sujet, verbe, complément, silence.
     Des phrases.
     Jusqu'à ce qu'il ne vienne plus que des sursauts, des gouttes d'eau qui perlent à ses yeux.
     Sujet, verbe, complément, silence.
     Elle donne des couleurs à la façade qui lui sert de visage.

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