samedi 26 août 2017

Théâtre

     

   Il faudra aller encore plus loin, poser les deux mains bien à plat sur ton visage, geste à jamais esquissé, ton visage rugueux tes yeux que je rencontrais parfois dans la rue, seuls, sans le reste du visage et sans en connaître la couleur, tu as l'air absent des miroirs, ce que tu vois sans en avoir l'air tu entres à l'intérieur, comme cela, sans pudeur, sans excuse, avec un sourire et voilà ton visage qui se dilate et s'étire comme un vieux masque qui glisse à présent que j'aurai les deux mains bien à plat sur ton visage, prisonnier le sourire retiré le masque comme une vieille chose tu n'auras plus de secrets pour moi.
   Je sais à peu près quelle forme ont tes yeux, dans la rue j'ai cru les voir partout, ils étaient flous, ils avaient perdu leurs contours comme les vagues gonflent, brisent tranquillement les digues et partent à l'aventure - alors ils sont là, vagabonds, hésitants au coin des rues, cherchant un visage qui ressemble au tien, un à un ils essayent les visages comme on enfile au hasard un vêtement prêté ils se serrent pour ne pas déborder, je l'ai fait, les deux mains bien à plat sur ton visage et les deux yeux dans les tiens pour te faire rire.
   J'ai voulu connaître le goût de l'océan, j'ai enlevé mes chaussures, j'ai marché pieds nus dans la boue, pieds nus sur les pierres, pieds nus sur le sable et chaque fois la boue les pierres et le sable se collaient à moi comme une seconde peau - j'ai dragué l'océan, brisé les digue, pour qu'il se lève enfin qu'il retire et la poussière, et les costumes, et les masques.

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