lundi 24 août 2020

De hasards et d'éblouissements

 Je cherche. Je ne sais pas pourquoi j'ai acheté ce livre à Londres qui parlait des Celtes, et dont je ne me rappelle plus le titre exact. Peut-être qu'il était bien écrit il me découvrait un monde dont je m'apercevais d'un coup que j'ignorais tout. Dont j'avais tout à apprendre. Je ne sais pas pourquoi après l'avoir lu j'ai regardé la bibliographie et j'ai vu ce nom, Pythéas - j'aime bien ce nom. Et se passionner subitement et peut-être seulement parce qu'on n'y connait rien et qu'arriver sur un territoire et n'en rien connaître et tout découvrir comme cela, sur le tas et sans méthode sans presque de chemin à suivre, où tout est à tracer, c'est comme partir en voyage avec seulement ses deux jambes et un petit sac, partir loin, avec une idée très vague de ce qu'on va découvrir. Au nord, toujours plus au nord, et après on verra.

Est-ce que je sais seulement où ira ce livre, aussi ? Pas trop.
Marseille, jardin des vestiges
Le regard du marcheur est comme celui du chercheur, du rêveur, de l'écriveur. Tout est à la fois étonnant, incompréhensible et indiscutablement là. Présent.
Ecrire est un voyage, écrire réveille et révèle, écrire stimule les sens et confère une présence au monde et à soi semblable à celle du marcheur, de la marcheuse qui porte son corps et sa fatigue dans un paysage dont les couleurs et la rudesse sont relevées par ce même corps fatigué, un rien douloureux, ces muscles qui tirent par endroits et la conscience ainsi s'étire, attirée qu'elle est à la fois par le corps dans l'effort et par le reste, tellement étrange et surprenant, du relief sous les pas, les cailloux dans les sandales, la couleur du ciel qu'on jurerait n'avoir jamais vu prendre une telle couleur, et les arbres longs et larges qui s'étalent sur le sol, et la couleur particulière des pierres et cette fleur outrancière et l'insecte, là, la forme des collines, la couleur d'un fleuve orageux, les maisons, les temples, les vêtements, la couleur des yeux parfois spectaculaires et bleus, verts pâles, couleur du fleuve et des forêts les matins d'hiver, leur franchise et la manière de sourire avec juste un coin de la bouche
Le soleil frappe la paroi de ce corps. Avec douceur et régularité. Il n'a de cesse de rappeler sa présence. Les yeux se plissent aussi. Quand a-t-on inventé les lunettes de soleil. S'habitue-t-on à l'éblouissement ?
Voyager ressemble à beaucoup d'actes quotidiens. Voyager c'est comme rêver, ou lire, ou écrire, c'est comme parler à des inconnus, c'est comme apprendre. C'est comme manger, dévorer, accorder à notre faim le plaisir de s'assouvir sans limite, sans que jamais ce soit assez, laisser grossir en nous l'ogre qui en veut toujours plus, aller au bout du chemin même quand il paraît qu'il n'y en a pas, qu'il n'y en a plus, que c'est fini, qu'il faudrait bien maintenant un jour où l'autre faire demi-tour, continuer jusqu'à ce que les glaces nous saisissent. 

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