dimanche 6 décembre 2020

D'un point de vue grutier

Tâchons d'appréhender le monde d'un point de vue grutier ou quelque chose approchant à défaut de grue, mettons - 

que tu grimpes toujours plus haut sur ton arbre préféré, mais non. Parce que plus haut toujours plus haut, il n'empêche que l'entremêlement des feuilles et des branches ça rend difficile de bien voir. Imaginons ce que tu vois quand même, si tu n'es pas tout occupée de chercher le bon endroit pour poser ton pied suffisamment à plat pour ne pas tomber glisser ou alors si tu as trouvé un endroit où ton pied bien que placé à plat sur la branche dans un angle bizarre, en appui entre une branche maîtresse et le tronc, cet appui qui te confèrerait une certaine stabilité bien que toute relative, pour ce pied-là, tout du moins, et pour l'autre, si c'est à côté du premier, te voilà les deux pieds en appui côte à côte sur une branche maîtresse en un angle bizarre contre le tronc, et alors finalement ce ne sont plus seulement les pieds, mais tout le corps qui font un angle bizarre qu'il faut absolument corriger, puisqu'en cet angle on n' a pas le confort nécessaire pour apprécier, admirer, se délecter, philosopher ou disserter sur le point de vue du grutier.

Assieds-toi juste allons, assieds-toi doucement sur la branche maîtresse et pose d'un côté et de l'autre de la branche chacun de tes pieds sur une autre branche un peu plus basse de manière à ce que ça ne te gratte pas trop là où ça ne manquerait pas de gratter si tu n'appuyais pas tes pieds quelque part, et tu peux même ou à peu près s'il n'y a pas d'autre branche au dessus de ta tête poser ton dos ta tête sur le tronc dans une posture poétique et laisser le vent saisir les feuilles et te chatouiller le visage et les bras c'est un peu drôle, ça n'est pas encore tout à fait agaçant dans la mesure où, bien assise que tu es sur ta branche et ne perdant pas de vue ton objectif de compte rendu de point de vue façon grutier, tu te rends compte très vite qu'il n'y a rien à voir, vu qu'il y a trop de feuilles qui cachent la vue, que n'as-tu pas envisagé cet exercice en hiver ! mais enfin, il aurait fait trop froid, ho hisse, on se relève pied droit sur une branche, gauche sur une autre à peu près à la même hauteur si possible, en voilà une, mais elle est peut-être un peu éloignée de la première, qu'importe, te voilà les deux pieds bien écartés, flex sur deux branches maîtresses et le dos appuyé sur le tronc à jeter un bras décidé à l'assaut d'une de ces branchouilles des plus feuillues pour lui faire comprendre qu'il faudrait qu'elle s'écarte pour des besoins de contemplation romantique seulement voilà, ton bras est trop court et c'est épuisée que tu redescends de ton arbre perchée sans avoir pu méditer sur le point de vue du grutier.

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