mardi 24 octobre 2017

lieux vides avec fantômes V

     Les portes étaient ouvertes, les fenêtres immenses laissent entrer la lumière. 
     Lieu sacré où toutes les lumières se concentrent, vaste espace de silence où le temps semble n'avoir pas de prise. Tables pour se faire plus haut, se mettre à la hauteur de ces vastes fenêtres, voir loin, voir grand, renouveler son regard, par l'intermédiaire des fenêtres, des carreaux qui découpent, composent et donnent un sens à l'espace du dehors ; occuper l'espace à grandes enjambées, y lâcher un flot de paroles, y fermer la porte pour que se répercute aux parois de verre les paroles que l'on lance à tue-tête, qu'elles rebondissent, se répètent et s'amplifient. Tout voir à travers les fenêtres de la maison de verre, percevoir son reflet par dessus la forêt, voir la lumière s'intensifier par un excès de poussière, voir la forêt tout d'un coup se révéler fourmillant, dansant tout autour, par une brusque entrée dans une terre de vide et de silence. 
     Lieu construit, tout entier opposé à la forêt, île de chaleur et de repos pour le voyageur ébranlé par la tempête.
     Avide de silence, quand trop longtemps il a entendu le murmure du vent dans les branches.
     Ébloui par la lumière et le bal des grands arbres, quand sans les voir il est passé en soufflant à travers eux. 
     Mais lieu de passage, seulement, toutes les portes étant restées entrouvertes. 
     Le passage, même, l'arrière de la salle insiste. 
     La forêt entre pas à pas, en secret, dans l'espace insulaire.

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