mardi 24 octobre 2017

lieux vides avec fantômes VII


Deux voix s'élèvent, importunes, s'ouvre l'espace tant retiré, disparaissent les cloisons les murs les parois factices et ainsi reprennent forme, des espaces qui longtemps avaient cessé d'exister.
Portes fermées mais enfin, entrebâillées, ressurgissent des couleurs veloutées surprises alors que le temps, la mémoire, travaillaient lentement à les effacer, dans la lumière adoucie par des vitres obstruées. J'ouvre la fenêtre, la lumière d'un printemps tardif entre, s'installe et révèle. On a bien voulu ranger toutes les lumières, on les a rassemblées dans un tiroir à la hâte, sans faire plus attention, sans même prendre la peine de remettre à sa place le tiroir. Certainement la poussière se chargera du reste. C'était un acte inutile, plus symbolique qu'autre chose ; et d'ailleurs si l'on avait vraiment voulu éteindre toutes les lumières il aurait fallu mettre des rideaux aux fenêtres et fermer la porte à clé, mais non.


Et je me faufilerai entre les souvenirs, parmi ceux des anonymes qui sont passés par là, ont remué chaque meuble, chaque chaise, chaque objet familier - objets chers ou indifférents, utilitaires ; parmi ces souvenirs j'ajouterai ma trace, je tenterai de percer le mystère de ces vies oubliées. Et déjà nos visages s'effacent dans la lumière, déjà ce n'est plus important. Bientôt, comme tant d'autres, nous ne seront que passés par là, n'auront fait que déplacer la poussière qui, sans s'affoler outre mesure, reprendra son lent travail d'ensevelissement. 


Peu importe, que les portes soient fermées ou non, les fenêtres grandes ouvertes, que le soleil brille ou non, il n'y aura bientôt plus personne pour révéler ces lieux morts, - avant l'arrivée des prochains clandestins.

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