Je
connais l’arbre à toutes les périodes de sa vie.
Le
mirabellier lourd et sucré de l’été qui commence,
le
mirabellier du milieu de l’été, mangé, grignoté, plus de beaux
fruits, trous dans les feuilles,
le
mirabellier de l’automne, dont les feuilles craquent et se
froissent, bruit sec des pas sur les feuilles, je fais pourtant bien
attention mais je suis lourde, à présent
(je
n’aime pas que craquent les feuilles mortes,
je
n’aime pas que les feuilles soient mortes.)
Le mirabellier d’hiver, noir et nu, qui laisse à découvert la
complexité des branches, la délicatesse des ramilles, et les
ramilles frissonnent.
Je
connais sa blancheur au printemps.
Je
la surveille, pour ne pas la manquer.
Je
sais exactement où poser mon pied, sur quelle branche m’appuyer.
J'ai
des pétales dans les cheveux et sur les yeux.
Je
secoue une branche pour que tombe sur moi une pluie de pétales blancs.
Je
ferme les yeux.
Je
plonge mon nez dans les fleurs jaunes, je m’approche un peu trop
comme si l'odeur était plus pure et plus forte encore quand on est
très près je veux la prendre dans tout le visage, je plonge mon nez
dans les fleurs et parfois, ce n'est pas ma faute, je les abîme un
peu.
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